je ne me ferais jamais à cet endroit !

Ce matin, j'étais légèrement stressée. Je devais aller chercher Rainer dans ce maudit centre. Si ça ne tenait qu'à moi, Rainer serait avec moi et Kristopher au lieu d'être dans cet endroit de torture. J'entrais dans la cuisine en attachant mes cheveux. Mes cheveux retombèrent sur mes épaules. Je me servis une tasse de café puis j'allais de nouveau dans ma chambre. Kris était déjà parti travailler. Malheureusement, aujourd'hui, il ne pouvait pas m'accompagner au centre. D'habitude, j'y allais avec lui... C'était toujours plus facile car j'étais entourée de mes deux frères. Tandis qu'aujourd'hui, je serais seule. Sans même attendre que mon café se refroidisse, je bus une gorgée. Cette gorgée me réveilla d'un seul coup. Il fallait que je sois forte pour Rainer. Et puis, ce n'était pas pour le ramener que j'y allais mais pour le sortir, le temps d'un weekend.
Une fois mon café fini, j'attrapais mon sac et une veste en cuir que je mis par dessus mon débardeur blanc et bleu... Ma couleur préférée. Et après avoir fermé la porte derrière moi, je pris la voiture et me dirigeai vers l'hôpital. Le centre se trouvait pas très loin de l'hôpital. Rapidement, j'arrivai au parking. Je garai non loin de la sortie. Je coupai le contact. Je soupirais. « Allez, Steff, sois forte, tu prends Rainer et passe une bonne journée avec lui ! » Me dis-je à moi-même en me regardant dans le rétroviseur. Je pris mon sac et sortis de la voiture.
Mes talons claquant contre le sol de l'hôpital, je me dirigeai vers le service des jeunes. Je montais les escaliers, tournais quand il le fallait. Lorsque j'y arrivai, je me dirigeai directement vers l'accueil. « Bonjour, je viens chercher Rainer-Karl Wagner, s'il vous plaît. » L'infirmière me fit signe d'attendre dans l'habituelle salle, là où les familles retrouvent un être cher et reçoivent un habituel débriefing de la semaine qu'il a passé au centre. J'y entrais. Je ne m'asseyais pas, je voulais juste quitter cet enfer. Je faisais les cent pas lorsque la porte s'ouvrit... Un éducateur entrait, suivit par... Rainer. Sans même faire attention à l'éducateur, je m'élançais vers Rainer. « Rainer !! » Je le pris dans mes bras... Voilà, là tout allait bien quand il était avec moi. Je lui déposai un baiser sur la joue avant de l'observer sous toutes les coutures. Il était un peu pâle, et puis, il avait besoin d'une coupe de cheveux. Oui, je voyais un tas de choses qui n'allaient pas mais je me gardais de les mentionner pour l'instant. Je voulais juste l'emmener avec moi.

je ne me ferais jamais à cet endroit !

D'habitude, Kris se chargeait de repousser les éducateurs mais moi... Je ne m'en sentais pas la force... Quoi que...
Après avoir pris mon frère dans mes bras. Je voyais bien que l'éducateur voulait nous garder un peu plus longtemps. Rainer me demandait qu'on y aille. Je voyais déjà son regard. Je vis tout de suite qu'il était aussi pressé que moi de quitter le centre. « Excusez-moi, mais nous sommes assez pressés en fait... j'aimerais... » Il me coupa la parole et continua sur sa lancée. Il n'avait pas comprit que je n'en avais rien à foutre... Pour moi, mon petit frère avait toutes les raisons d'être sur les nerfs. Il n'avait aucun problème. Il n'était pas malade mais il se retrouvait ici... Enfermé avec des gens qui eux avaient réellement des problèmes. Rien qu'en y pensant, j'en éprouvais une colère noire. Tout ça c'était de la faute de mon père. Sans un mot, je pris la main de mon frère et poussai l'éducateur de l'épaule. Je le sortis de la salle en hurlant : « Je vous le ramène dimanche soir comme d'habitude !! » J'espérais vraiment qu'il avait senti tout le dégoût que j'éprouvais pour lui et son établissement. Sans lâcher Rainer, je l'amenais le plus rapidement possible dehors. Une fois que nous traversâmes les portes de l'hôpital. Je soufflai un bon coup, avant de lâcher « J'ai cru que cet idiot ne nous lâcherais jamais ! » Je me tournai vers lui, enfin, un sourire s'étalait sur mon visage. Je le poussai gentimment en lui demandant : « Alors microbe, tu as faim ? Désolée de ne pas être arrivée plus tôt, je t'avoue que je me suis levée un peu en retard. Kris travaille aujourd'hui donc tu le retrouveras sûrement ce soir pendant la soirée pizza. »

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Nous sortions enfin du bâtiment hospitalier et je pûs enfin respirer normalement. Comment dire, je haïssais cet endroit. Et j'en voulais à mon père de nous obliger à vivre ça... Rainer n'avait rien fais. Ce n'était pas de sa faute s'il s'était retrouvé dans notre famille mais à mes yeux, Rainer était autant mon frère que Kristopher. Je me foutais totalement de ce que mon père pensait. Et je me foutais encore plus de ce que pensaient les médecins et les éducateurs. Selon eux, mon frère était fou, perdait la tête et était dangereux. Pour moi, il était simplement perdu. Je me mettais à sa place, il devait subir le rejet de nos parents et ses internements ne l'aidaient pas. Je savais qu'ils avaient dût le droguer et rien que pour ça, j'avais envie de leur arracher les yeux. Mais je restais calme. La sortie de mon frère dépendait aussi de mon comportement. Si je m'énervais trop, je risquais de le voir rentrer dans sa chambre. Mais lorsque l'éducateur tentait de nous retenir, là, je ne pûs me retenir. Sans écouter son baratin, j'avais embarqué Rainer... Qui s'excusait de ne pas s'être contrôlé. Je souris avant de lui répondre : « Ne t'excuse pas, tu as eu raison. Ils le font exprès pour avoir une raison de te garder plus longtemps. Et puis... Je n'étais pas plus calme. On est pas frère et soeur pour rien. » Je lui fis un clin d'oeil qui en disait long sur ce que je pensais. Quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse Rainer-Karl Wagner était mon petit frère. Je l'emmenais alors vers la voiture. Je lui expliquai que malheureusement, Kris n'était pas là aujourd'hui. Il travaillait toute la journée donc Rainer et moi serions seuls. « Je t'avoue que je ne sais pas quoi manger. On verra bien une fois à la maison. Je te ferais sûrement un bon petit plat. Promis, ça ne sera pas du surgelé, lui dis-je en riant. » J'entrai dans la voiture et regardai dans les rétro-viseurs pour vérifier qu'ils étaient bien placés. Une fois que ce fut fait, je jetai un rapide coup d'oeil à Rainer avant de lui ébouriffer les cheveux. « Le prends pas mal, mais il va falloir que tu me coupe cette tignasse ! Tu me rappelle Zac Effron dans High School Musical. » J'éclatais de rire. Bien sûr, j'exagérai seulement, j'avais besoin de l'embêter un peu. Quand Rainer venait à la maison, j'essayais de faire en sorte que tout reste normal, comme avant. Alors, je me comportais avec lui comme avant. Je prenais soin de lui, je l'embêtais. Bref, j'étais une grande soeur.