∆ écris l'histoire...
❝ PREMIÈRE PARTIE, A MES PARENTS. ❞
« Vous êtes enceinte. » A cette déclaration, madame Strauss resta de marbre. C'était la deuxième fois qu'elle entendait cette phrase dans sa vie. La première fois, c'était il y a dix ans. A l'époque, elle n'avait que vingt ans et avait décidé de garder l'enfant. C'était un petit garçon, Nathan, dont le père était totalement inconnu. Aujourd'hui, alors qu'elle avait trente ans, l'histoire se répétait. Et pourtant, tout cela aurait pu se passer autrement. A la naissance de Nathan, elle aurait pu tout arrêté, trouver un meilleur travail et faire en sorte que son enfant ai une belle vie. Peut-être qu'elle n'aurait pas été parfaite, mais elle aurait toujours été meilleure que celle qu'il avait maintenant. Et elle allait faire vivre ça à un deuxième enfant. Encore une fois, elle allait garder l'enfant et non avorter. Elle devra juste arrêter l'alcool, le sexe et les drogues pendant neuf mois, avant de reprendre deux fois plus. Enfin... arrêter. C'est ce qu'elle aurait du faire. Mais elle continua. Jusqu'au moment où son ventre devenait trop gros pour cacher à ses clients qu'elle était enceinte. Là elle arrêta le sexe. Mais pas le reste. Neuf mois plus tard, elle donna naissance à une fille. Joémie. Prénommée ainsi car madame Strauss était bien trop défoncée pour choisir un prénom à son bébé, elle avait donc demandé à son fils de choisir. Encore une fois, le père était inconnu, la petite hérita donc du nom de famille de sa mère. Sa mère est une pute. Et c'est le cas de le dire. Elle est une pute dans tous les sens du terme. Et une vraie. Même enceinte elle faisait son boulot. Heureusement, après Joémie elle avait bien compris qu'il fallait peut-être qu'elle fasse gaffe et qu'elle se protège un peu plus, parce que déjà qu'avec un marmot c'était pas facile, maintenant deux... imaginez si ils étaient trois. Quant à son père, il était inconnu. Si ça se trouve il était vieux. Jeune, même plus jeune que sa mère. Il était certainement riche. Madame Strauss ne prenait pas n'importe qui. En tout cas, il ne connaît pas du tout l'existence de Joémie. Il ne se souvient sûrement même plus qu'il a baisé une pute il y a maintenant vingt six ans. Et puis un jour, on retrouva madame Strauss morte, au fond d'une ruelle. Elle avait été violée -du moins, c'est ce que la police avait dit, mais tout le monde, même eux, savaient très bien qu'elle était parfaitement consentante- et tabassée à mort. On n'a jamais retrouvé le tueur. Tout le monde s'en fichait du meurtre d'une prostituée. Et ses enfants les premiers. Tout ce qu'on avait fait pour eux, c'était d'enterrer cette femme, avec cette plaque
"Elle était avant tout une mère qui aimait ses enfants" « Ouais tu parles... » Joémie avait onze ans.
❝ DEUXIÈME PARTIE, A MON FRÈRE. ❞
Nathan avait dix ans quand sa sœur est né. Et autant vous dire qu'il aimait sa sœur, certainement autant que Joémie l'aimait. De son jeune âge, c'est lui qui s'occupait de sa petite sœur, tout le temps, tout ça parce que quand leur mère était présente, elle était trop défoncée pour changer une couche, ou donner un biberon. Et puis concernant le reste de la famille, il n'y en avait pas vraiment. Leurs pères à tous les deux étaient inconnus, et la famille de leur mère ne voulait plus rien entendre parler d'elle.
« Tant pis, j'y arriverais, je prendrais toujours soin de ma petite sœur ! » Disait-il à chaque fois qu'il rencontrait un coup dur ou un obstacle difficile. Seulement voilà, on dit que certains vis d'une famille sont héréditaires. Souvenez-vous d’Émile Zola, et de sa fresque romanesque des Rougon-Macquart, qui montre l'hérédité des défauts dans une famille. Et bien ce n'est pas totalement faux. Personne n'a empêché Nathan de grandir, et ainsi de devenir un adolescent. Et c'est là qu'on commençait à remarquer à quel point Nathan pouvait ressembler à sa mère. Première bouteille d'alcool ? Treize ans. Première cigarette ? Quatorze ans. Premier joint ? Quinze ans. Et les autres drogues ont rapidement suivit, jusqu'à ce qu'il remarque qu'il commençait sérieusement à manquer d'argent. Oui, contrairement à sa mère, Nathan pensait toujours à sa petite sœur, qui n'avait même pas encore dix ans. Alors qu'il avait 19 ans, il commença à dealer. Il était d'ailleurs plutôt bon, jamais il ne se faisait attraper et il rentrait de l'argent pour nourrir sa sœur et non pour se droguer encore plus comme le faisait sa mère. Et pourtant, il était défoncé, tout le temps. Et Joémie, semblait heureuse. Elle aimait vraiment son frère, bien plus qu'elle aimait sa mère, et si elle avait été à sa place elle aurait fait pareil. Et puis vint le jour où l'on retrouva madame Strauss morte. Ils étaient à présent seuls tous les deux. Nathan avait 21 ans, et dealait toujours. Joémie elle, allait à l'école. C'était gratuit, autant qu'elle apprenne quelque chose et qu'elle essaye de faire quelque chose de correct de sa vie. Un matin, la sonnerie du téléphone retentit. Joémie avait 19 ans à cette époque, et revenait d'une fête plutôt arrosé. Elle avait du mal à se réveiller et à trouver le téléphone.
« Plus tard... » marmonna-t-elle, encore endormie. Mais celui qui cherchait à la joindre insistait vraiment. Alors elle finit par réussir à décrocher.
« Allô ? » « Mademoiselle Strauss ? Ici le capitaine de la police de Berlin... Pouvez-vous venir le plus rapidement possible au poste ? Nous avons besoin de vous parlez de votre frère. » Mon Dieu, qu'avait-il encore bien pu faire celui-là ? Joémie l'aimait beaucoup, mais il faut dire que parfois, avec ses conneries, il l'exaspérait un peu. Elle répondit alors
« J'arrive » avant de raccrocher. Elle se leva, se préparer et prit la voiture avant d'aller au poste. Et là, sa vie semblait d'un seul coup s'écrouler. On l'avait fait venir au poste afin de lui faire identifier un corps, celui de son frère, trouver, comme sa mère il y a plusieurs années, au fond d'une ruelle. Non, il n'avait pas été assassiner, il avait fait une overdose.
« Ça ne va pas me tuer ! » disait-il à Joémie à chaque fois qu'il s'enfilait un nouveau rail de coke. Et cette phrase se répétait désormais dans sa tête. A l'enterrement, elle était seule, seule à pleurer son frère, à penser à lui. Pendant des mois elle elle ne cessait de pleurer, hurlait seule dans l'appartement, cassant les objets qu'elle trouvait sur son passage
« T'es qu'un salop ! T'avais dit que ça ne te tuerait pas ! Et puis tu m'avait promis que tu m'abandonnerais jamais ! Et là t'es partit ! Je suis seule maintenant ! NATHAN JE TE DÉTESTE ! » Et elle savait que c'était faux, elle aimait son frère, mais en même temps, elle le haïssait d'être partit comme ça, alors qu'elle n'avait que dix-neuf ans et qu'elle avait encore besoin de lui.
❝ TROISIÈME PARTIE, A TOUS LES AUTRES. ❞ En lisant les deux premiers paragraphes, on pourrait penser que Joémie est une fille sage, parfaite, tout le contraire de son frère et surtout, de sa mère. Et bien, pas tant que ça. Joémie est une fille qui dès son plus jeune âge s'est forgé un caractère de fer. Au lycée, elle a redoublé une classe, changé trois fois d'établissement. Les deux premières fois elle s'est faite renvoyé pour possession et consommation de drogues dans un établissement scolaire, et la troisième fois, juste après la mort de son frère, elle avait saccagé les toilettes des filles. Depuis, elle a réussi à être un peu moins défoncé et travail en temps que serveuse dans un salon de thé. Et puis, quand elle ne travaille pas, ce qu'elle aime c'est le sexe, comme sa mère. Mais elle ne se prostitue pas. Non, elle, elle ne fait pas avec n'importe qui, elle choisit les mecs ou les filles qu'elle veut et ne se laisse pas choisir par les autres. Et puis elle boit. Il lui faut des litres et des litres d'alcool avant de tomber. Et puis comme son frère elle se drogue. Mais seulement depuis sa mort. Oui, elle est idiote. Du moins, complètement folle. Après la mort de Nathan, elle trouva un sachet de coke. Après l'avoir fixé plusieurs instant en pleurant, se disant qu'elle devait le jeter dans les toilettes et le faire disparaître, elle avait décidé d'essayer.
« Ça ne va pas me tuer ! » Un rail. Puis deux. Puis trois. Puis, il a fallu qu'elle achète un autre sachet.
« Et tient, pourquoi pas prendre de l'herbe aussi ? C'est certainement mieux que les cigarettes. Ah et tient encore une bouteille de tequila. » Elle aime les soirées où elle peut être défoncée autant qu'elle veut s'en se soucier des autres. Les beaux garçons et les jolies filles ? Elle les attire avec un beau sourire et la plus part du temps c'est dans la poche
« Ça te dit de passer la nuit avec moi ? » Mais plus le temps passe, plus Jo se rend compte que cette vie n'est peut-être pas fait pour elle. Elle regretterait presque de ne pas avoir continuer ses études, mais son emploi de serveuse lui plaît, donc ce n'est pas ce qu'elle voudrait changer. Elle voudrait arrêter la drogue, mais une fois qu'on est vraiment dépendant à ce genre de trucs, on les lâche pas facilement. Mais avec une bonne volonté et de l'aide, Joémie pourrait y arriver, non ?